CONTENU (ANALYSE DE)

CONTENU (ANALYSE DE)

CONTENU ANALYSE DE

Méthode destinée à permettre un traitement scientifique des documents et définie par B. Berelson, qui en a été l’instigateur avec H. Lasswell, comme «une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications». Dans cette technique d’analyse des textes, on peut distinguer les trois phases suivantes: d’abord, une fragmentation du texte, chaque fragment devenant une suite d’analyse; en deuxième lieu, le codage de chaque unité d’analyse à l’aide d’une grille d’analyse, laquelle définit un certain nombre de catégories. Le codage consiste à faire entrer chaque unité d’analyse dans l’une des catégories. L’ensemble des catégories définissant la grille d’analyse doit être construit de telle façon que chaque unité d’analyse puisse être associée à une catégorie et une seule. Pour prendre un exemple simple, dans une analyse de contenu de documents de presse, on peut choisir comme unité d’analyse l’article de journal et comme ensemble de catégories un ensemble de rubriques telles que: politique intérieure, politique étrangère, éducation, religion, sports, spectacles, critique littéraire ou de spectacles, faits divers. La troisième phase consiste en une analyse statistique des données ainsi recueillies. Les deux premières phases ne sont pas indépendantes: le choix de l’unité d’analyse et la construction de la grille d’analyse vont de pair: selon le type d’unité choisie la grille sera différente. La fragmentation d’un texte en unités d’analyse est un problème particulièrement délicat. On choisit parfois des unités d’analyse définies objectivement: par exemple, la phrase, la proposition. Cela peut se justifier dans certains cas, mais ne résout pas le problème de façon générale. Deux unités objectivement équivalentes peuvent présenter des degrés de complexité fort différents du point de vue de la signification et devraient relever de traitements différents. Idéalement, l’unité d’analyse devrait coïncider avec l’unité de signification. Bien que les recherches théoriques sur l’analyse sémantique aient fait beaucoup de progrès ces dernières années, il n’existe pas actuellement de théorie générale d’analyse de la signification qui permette de donner à ce terme un statut précis et une définition opérationnelle.

On peut facilement soutenir que l’analyse de contenu n’est pas fondée théoriquement. Il reste qu’elle n’a pas attendu les progrès de la linguistique pour se développer et que ses résultats apparaissent relativement cohérents. En fait, des solutions empiriques, difficiles à justifier dans le cadre d’une théorie générale, ont fait dans la pratique la preuve de leur intérêt. Une solution souvent adoptée consiste à distinguer un ensemble de thèmes et à repérer dans le texte le passage d’un thème à un autre. Il y a, bien entendu, beaucoup de latitude relativement à ce que l’on pourra appeler un thème: ce pourra être un ensemble de significations très complexes ou, au contraire, quelque chose d’assez élémentaire. En fait, on ne peut pas définir à un niveau général ce qu’est un thème. Il importe seulement de souligner qu’il existe de multiples analyses possibles d’un texte; cela dépend du point de vue où l’on se place. Pour qu’une analyse de contenu soit possible, il faut définir préalablement une hypothèse de travail, prévoir un objectif d’analyse, qui permet de déterminer ce qui, de ce point de vue, est important et intéressant dans le texte. Alors seulement on peut se poser le problème du découpage du texte et de la définition des thèmes. On peut, pour des textes présentant des caractéristiques bien définies, adopter une analyse plus structurale: dans le cas de récits par exemple, on pourra s’intéresser au type d’action réalisée, à l’auteur de l’action, à l’objet de celle-ci, au type de résultat de l’action, etc.

La forme que prend l’analyse de contenu varie considérablement en fonction du type de texte considéré et de la problématique choisie. L’analyse statistique appliquée aux données obtenues après codage peut aussi varier considérablement du point de vue de la complexité des techniques utilisées. Elle peut se réduire à un simple décompte des fréquences d’apparition de chaque catégorie. Elle peut rechercher la structure des thèmes en partant par exemple de la probabilité de passer d’un thème à un autre. Il n’existe pas de techniques statistiques propres à l’analyse de contenu; en fait, on en utilise diverses sortes, qui vont des plus élémentaires aux plus complexes.

L’analyse de contenu est utilisée dans des domaines très divers: analyse de documents de presse, de récits, d’entretiens, de questionnaires d’enquêtes, de réponses de sujets à des tests psychologiques, de réponses d’élèves à des épreuves de contrôle des connaissances. On notera que l’analyse de contenu ne diffère pas, dans son principe, des techniques d’observation systématique, qui supposent, elles aussi, une délimitation des éléments à observer, les constructions d’une grille d’observation et une analyse statistique des données ainsi recueillies.

Encyclopédie Universelle. 2012.